mardi 22 juin 2010

00.21

Photos non retouchées, par Louise Dehaye

Chronique du Hellfest


Je mate un concert de loin, avec ma bière, tranquille. Un barbu hirsute se fraye un chemin dans la foule, jette un coup d’œil au niveau de mon torse et brandit un pouce approbateur. Je mate mon t-shirt, me rappelant à moi-même à quel point c’est vrai qu’il est cool. Bleu années 60 avec un dessin vintage en forme de promo locale et qui est orné d’un goguenard « PICK UP A WIFE OR TWO IN … UTAH ». C’est vrai que moi aussi je l’adore ce t-shirt. Ce gars est un connaisseur, c’est évident. Je lui réponds avec un sourire à la Jo l’indien (on est à un festival de métal, pas à un colloque sur l’éducation) et lève à mon tour un pouce reconnaissant. Le gars rigole, s’approche et lache, en pointant ma bière du doigt: « c’est pas ton t-shirt que je regardais ».
Rien de mieux que cette anecdote pour traduire la différence entre le Hellfest et un festival lambda de pop indé, où on s’entrejauge la mèche, on se reluque et on se compare sur l’échelle de la pose générationnelle. Ici, un doux parfum d’anachronisme. Une parenthèse old-school dans la hype express du quotidien. Ici, pour poursuivre la comparaison filée, on ne se bat pas pour voir qui connaît le plus de groupes qu’il faut absolument écouter avant la veille, ce qui compte c’est la fidélité. C’est pour ça que les têtes d’affiche du festival ont plusieurs décennies d’ancienneté. Ecouter le même album, encore et encore. On n’est pas fan de Maiden comme on est fan des Ting-Tings. Ce constat m’évite une argumentation pénible.
Il faut le dire : un festival métal est quand même le putain de meilleur endroit où passer un week-end. Des t-shirts moches, de la bière, des grands mecs barbus qui se marrent quand tu les bouscules… Pas d’embrouille. Le public est une communauté de cœur. Toute l’année, la plupart lutte pour assouvir leur passion contre leurs parents, sous les moqueries de leur collègue de boulot dont le principal fournisseur culturel est Leclerc, ou simplement des gens à qui la presse mainstream ne s’adresse jamais, sauf pour établir des clichés. Là, en 3 jours, que des potes partout. En famille, on ne s’engueule pas pour Noel ? Ici c’est pareil. Lundi, fort de la confiance retrouvée parmi les miens, je martèlerai les parties de Gérard en headbangant et en poussant des cris gutturaux.
Bref, ambiance à la cool. Les gens vont d’une scène à l’autre, se faufilant dans la distorsion. C’est l’occasion d’admirer la plus grande collection de t-shirts de l’univers. Le carbone 14 de la foi métal, la véritable carte d’identité du metalhead : le recoupement entre l’âge et le délabrement de ton t-shirt. Autant dire que le « GWAR – Tour ‘88 » impose le respect.




Sans être exhaustif, j’ai noté quelques impressions à la sauvette pendant les concerts, vus en entier ou aperçus le temps de la fuite.
TAMTRUM
Un look entre Prodigy et Marylin manson. Pas franchement bons, mais quand on s’en aperçoit enfin, deux meufs à poil se tortillent autour du « chanteur ». Du coup, le public exclusivement masculin est content et remet sa jauge qualité au lendemain.
DISCIPLINEPunk hardcore old-school avec des solos mélodiques très cools. Très punk anglais finalement.
Y & T
Old-school, avec ces montées à deux guitares sur les solos. Une impression étrange très tenace : flashy mais sobre, démonstratif mais efficace, des egos mais un vrai groupe. Du coup, ça a bien vieilli, mais pas vraiment non plus.
PRETTY MAIDS
Invités de dernière minute pour faire le compte à la place de RATT. Dans le genre, ça se vaut complètement. En plus, ils sont voisins dans le bac à soldes à 2 € des vinyles métal qui n’auront jamais de deuxième vie, ayant échoué à en avoir déjà une première. Que de coïncidences, donc. Du hair metal épique totalement 80s. Un chanteur à la David Coverdale. Oui, c’est une insulte frontale. Un synthé qui bave et un show maximaliste. Chemise à jabot pour le bassiste. Back in 1984. Pour citer Nigel Tufnel : « Is this a joke !? »
ANVIL
A l’installation du matos, je me rappelle que Lips est un peu le Ozzy – mais version The Osbournes – du speed metal. Candide et un peu largué, mais sans aucun doute intense et authentique. Après 30 ans de carrière, et même si une grande partie de celle-ci a été tronquée, voir la joie de jouer et d’être sur scène de ces gars, c’est complètement admirable. De vrais entertainers en plus. Lips n’a que des meilleurs amis face à lui.



AIRBOURNE
Si Airbourne veut être le Spinal Tap de cette génération, c’est réussi, avec notamment une attitude débile noyée dans la bière et une scène habitée par des murs d’ampli, dans des proportions tout ce qu’il y a de guignolesque.
Si Airbourne veut être le AC/DC de cette génération, là par contre c’est surfait et un brin dénué d’authenticité. Un truc est sûr, ils ont déjà piqué une grosse moitié du répertoire de leurs compatriotes australiens.
Il y a du boost sur tous les instruments. C’est rentre-dedans et too much, mais à ma grande surprise, c’est imparable sur la foule.

NEVERMORE
(note : je suis emmerdé, je n’ai noté qu’un mot sur mon carnet. « Embarrassant ! »)
SLASH
Ca me navre de le dire, mais Slash a fait un set cheapos avec des requins de la scène, des caméléons du cachet. Le chanteur peut chanter comme Dio, ou comme Axl sur les reprises des Guns. C’est le boss qui décide. Même le bassiste imite Duff dans son jeu de scène. Jusqu’à la longueur de sangle de sa basse en fait, et ça, c’est flippant. Un set fade et plat, avec Slash qui s’avance de temps en temps sur le devant de la scène pour sortir un solo. Pour donner aux gens ce qu’ils étaient venus chercher, devrais-je dire. Un peu promo pour vendre son disque solo, un peu putassier quand après deux chansons sans âme, il enchaîne avec deux chansons des Guns pour faire repartir le pouls du public. En club, ça passerait, mais en festival, ça ressemble à une tournée de Chris Cornell. En fait, après Sweet Child O’mine où le groupe n’est presque pas carré, avec notamment des reprises très poussives, on a même l’impression qu’on est devant un groupe de reprises qui a gagné le droit de jouer avec son idole dans un concours Budweiser.
ANNIHILATOR
Bon, c’est du métal froid trop sérieux, joué très premier degré. Des middle-class un peu beaufs qui jouent aux durs. Je le savais, ce n’est pas le problème, mais au milieu de tous les groupes old-school au charme désuet et à la dérision latente, ça passe mal.
Je m’évapore jusqu’au coin Presse/ VIP où – surprise – les Pastors of Muppets jouent un set qui enflamme les piliers du bar ( !!). Leurs reprises des standards de hard-rock aux cuivres (AC/DC, Metallica, System of a Down, Iron Maiden, …) sont autant de rappels de grands noms qui ne sont pas à l’affiche du jour, mais c’est plus frais que le bruit blanc d’Annihilator. D’ailleurs, la salle continue à se remplir, mais ne se vide pas de la moindre unité.
TWISTED SISTER
En parlant de dérision, Twisted Sister ! Ou comment des gars de 60 ans et frôlant tous le mètre 95 jouent sur scène avec leur kit glam-fille légère. Happy Tom de Turbonegro disait à ce sujet que quand tu te fais autant de mal à toi-même avant de monter sur scène, personne ne pouvait t’atteindre. Je constate que Twisted Sister a donc un moral d’acier. J’avais peur, je suis rassuré. Les gars ont l’enthousiasme communicatif. Dee Snyder sait enflammer un public. Acquis ou non. Et le concert rappelle que We’re not gonna take it est le plus gros hit des années Hair metal.
Jusqu’ici, en terme de musique pure – standards 2010 – ça craint un max pour les profanes. Mais le sujet n’est pas là. Ce festival est un putain de périple dans la discographie de mes 15 ans. Slogans débiles et glam-metal bubblegum. Pelforth-fraise, here we come !
IMMORTAL
Black-metal. Visages peints en noir et blanc. Au milieu du show, les mecs s’entraînent un peu à cracher du feu, ils seront opé pour cramer les églises comme ça. C’est dur, mais dans un lointain folklore et une association d’idée tordue, ça prépare à Alice Cooper qui enchaîne juste après.
ALICE COOPER
Le premier volet du grand barnum heavy-metal. Quand j’étais un teenager metalhead, un journaliste avait écrit qu’Alice Cooper préférait feindre une exécution théâtrale que jouer de bonnes chansons. A l’époque, ça m’avait énervé. Et là, l’âge sûrement, et alors que je n’y avais pas repensé depuis, c’est l’impression qui me saute au cerveau. Le show marche parfaitement. Le début avec School’s out et Eighteen est terrible. Lui non plus n’a pas oublié que les grands albums datent de l’époque où Alice Cooper désignait un groupe stable. Mais après quelques chansons, il enchaîne sa célèbre décapitation et Poison, qui est une bouse 80s incroyable. Le syndrome MTV version metal. Le journaliste avait raison, mais si j’ai attendu 20 ans pour que ça me paraisse évident, c’est que Vincent Furnier/Alice Cooper en impose.




JELLO BIAFRA
On était crevés et on a préféré rentrer à l’hôtel en fait. Il faut dire que Jello Biafra n’a répondu à aucun de mes trois mails demandant une interview. Mon amour propre n’aurait pas supporté que je me présente face à lui. Oublions la foule, il ne resterait que notre différent, entre quatre yeux malgré la distance. Une intensité qui n’aurait su se diluer dans l’indifférence du public. Le lendemain, un mec bourré me dit que c’était vachement bien.
SAVIOURS
Dimanche, frais et les oreilles vierges, on attaque sous la tente avec ce groupe vraiment cool, dans la même lignée qu’HIGH ON FIRE. Quand un concert te donne envie d’écouter les albums, c’est le signe que c’est plutôt réussi, et si je m’en rends à ce point compte là maintenant, c’est aussi parce qu’hier ce n’est jamais arrivé.
YAWNING MAN
Le premier de la série Palm Desert qui va se succéder sur cette même scène. Un groupe instrumental connu pour être un des piliers historiques du stoner, mais … qui joue du noise-surf-jazz, plutôt. Pourtant l’étiquette n’étonne pas tant que ça, à cause de l’ambiance de jam incessante, et aussi du fait que le groupe inclue Alfredo Hernandez (ex-Kyuss, Che, Orquestra del desierto et QOTSA) et Mario Lalli (Fatso Jetson, Desert Sessions). Pour faire court, je vais comparer le set à de la fumée. Un truc vaporeux, assez peu identifiable. Sitôt qu’on croit mettre le doigt sur ce que joue Gary Arce à la guitare, ce n’est déjà plus là. Un jeu clairement autodidacte et noyé dans une réverb massive qui contraste avec le jeu surpuissant d’Alfredo Hernandez. Mario Lalli est absent, et un kid l’a remplacé au pied levé. Le set est muet, le groupe enchaîne les chansons sans vraiment regarder le public, mais l’intégration du kid au jeu sur scène a l’air de stresser énormément Gary Arce. Quand on a des automatismes depuis 20 ans avec des potes d’enfance …
MONDO GENERATOR
Le groupe de Nick Oliveri (ex-Kyuss et Qotsa encore) a du mal à trouver de la stabilité et ça joue très certainement, car il mérite d’être plus connu. Là, en tout cas, entouré par trois australiens, c’est un killer-band. Espérons que « Dog Food », l’album fraîchement enregistré avec ces mecs sera un jour distribué hors Océanie. Pour l’instant, Nick hurle, assure les blagues dans un accent quasi disparu. Tout va bien. Là encore, le set est plus punk que purement stoner, mais ça importera peu à une majorité d’habitants de cette planète.




BRANT BJORK
En fait, j’enchaîne les chroniques et je me dis que tout le monde fait du stoner sauf les géniteurs de cette scène. Il y a plus aujourd’hui de copieurs de ce style que de nouveau matos du genre de la scène originale. Seul John Garcia reste dans cette veine, mais on en parlera quand ce sera son heure. Brant Bjork fait du stoner dans un certain sens, mais purement dans un sentiment diffus. Il fait du rock indé, chanté sec et minimaliste, avec des solos psyché et un groove vraiment énorme. Certains vont me reprendre de volée en disant « OK, c’est du stoner donc », mais la nuance existe. Le groupe est le même qui a enregistré le superbe dernier album, avec notamment l’ex-Yawning Man Billy Cordell qui est énorme à la basse. Ce qui étonne, c’est le sens du collectif de ce groupe. Brant Bjork ne prend pas la même place ici que Nick dans Mondo Generator où les gars jouent pour lui. Même si le groupe autour de lui a tourné depuis le début, Brant semble réinventer un vrai groupe à chaque fois. Il laisse les solos à Brandon Henderson, il donne une place très importante à chacun. Et si, pour me dédire immédiatement, Brant Bjork était l’essence même du stoner ?


MOTÖRHEAD
Je ne vais absolument pas parler du concert car les fans sauront ce dont il s’agit. Pas au minima hein, puisque Lemmy et ce qui constitue sûrement le meilleur trio de l’histoire du groupe (je n’ai pas dit par contre qu’ils écrivaient les meilleures chansons de celle-ci) assurent un standard très élevé. Le final Ace of Spades/ Overkill est un condensé de festival metal à lui tout seul.
Pendant ce concert, ces vieux cons de Vulcain et leur égocentrisme has-been très 80s tournent des scènes pour leur DVD. Ils sortent du coin VIP avec perchiste et cameraman, genre bain de foule spontané. Quelques gars – tous à la retraite sauf deux gars bourrés qui les confondent sûrement avec les Beatles - leur sautent dessus. Ils se font prendre en photo pendant que les vieux sont coopératifs mais s’achètent une metal-credibility en faisant mine de toujours suivre la prestation sur scène. Les mecs ont choisi le spot nec plus ultra et c’est … devant nous. Mon pote Gwardeath est habillé en zombie avec – je cite – du "vrai faux sang de cinéma qui coûte un œil" et finit par voler la vedette et les flashes aux trois vieillards. Du coup, ils vont voir plus loin avec un sourire qui cache mal leur amertume.
KISS
Je me rappelle des quelques jours où KISS a décidé de mourir.
Bon, je vais expliquer. Il faut repartir de loin pour comprendre et ça va être long, mais je m’en fous, c’est mon blog.
Depuis qu’ils avaient choisi d’apparaître sans maquillage en 1983, le groupe vivait une carrière difficile. Mauvais choix, années 80, goûts de chiotte que le maquillage ne dissimulait plus et deux des membres originaux qui étaient partis. Du coup, les deux entrepreneurs ont décidé en 1995 de refaire un coup médiatique en rappelant les deux autres membres du line-up original. Celui-là même qui a écrit les tubes et créé ce metal-bubblegum désuet qui a eu des fans démesurés. Une tournée vintage donc, avec effets pyrotechniques et maquillages, comme jusqu’en 1979. Rien que la présence d’Ace Frehley irisait les foules. Il refaisait le coup de la smoking guitar, ses solos si reconnaissables ; Peter Criss chantait Beth avec sa voix éraillée, refaisait son Ringo Starr subversif. Tout se passait bien. Alors les deux entrepreneurs ont décidé que ça ne pouvait pas s’arrêter. Ils faisaient chier ces mecs aussi. Eric Carr, le batteur avec le maquillage de renard, était mort d’une forme rare de cancer. Peter Criss n’avait plus le niveau. Ace Frehley lui faisait plus chier que n’importe qui, car en plus d’être adoré du public, se demandait à quoi tout ça rimait. Jouer tous les soirs les vieux standards ? Bof. Et puis les mecs, c’était pas qu’une tournée à la base ?
Quand j’étais ado, KISS était mon groupe numéro 1. Je n’ai jamais été aussi fan d’un groupe dans toute ma vie. J’ai gagné un prix à une grosse soirée déguisée, habillé en Ace Frehley. J’ai appelé mon chat – qui était clairement une chatte – Peter. J’ai arpenté les disquaires partout où j’allais pour trouver les albums que je n’avais pas en vinyle. On s’est pas mal foutu de ma gueule à une époque où KISS était vu comme le pire groupe du pire style musical de l’histoire. Et soudain c’était arrivé. Cette reformation. La mi-temps du Superbowl. Les produits dérivés. J’avais été inscrit à la KISS ARMY, le fan-club, et maintenant je voyais des comptables avec des putains de t-shirts de cette KISS ARMY !?
Ces connards d’entrepreneurs. N’oublions pas qu’on parle d’un gars, Gene Simmons, qui a déposé aux Etats-Unis le mot « Orange Juice » quand il a su que ça n’a jamais été fait. Du coup, il a touché des sous de toutes les marques de sodas.
Tant que l’effectif n’était pas stable, difficile de balancer du merchandising. Et puis on n’allait pas chier des maquillages différents et porteurs à chaque fois qu’un nouveau gars arrivait. Alors – sacrilège ! – ils ont volé les maquillages d’Ace et de Peter et les ont « franchisé ». Gene Simmons a même expliqué que quand eux deux seraient trop vieux, on pourrait imaginer que d’autres mecs pourraient les remplacer et KISS continuerait à arpenter les stades. Putain, mais vas-y, crève !
Bref, ça me gène. Je me suis tellement impliqué dans ce groupe, dans les albums jusqu’à Creatures of the Night, que je me sens personnellement attaqué. Le pire, c’est que les comptables avec les t-shirts KISS ARMY sont devant moi au concert.
Ca explose, les plateformes grimpent, Paul Stanley nous aime tous jusqu’à là-bas derrière. Les vidéos projetées sont trop cools et le tout est aspergé de tout comme avant, mais mieux qu’avant et … beh, ça sent la merde. Entre Tommy Thayer qui prend les mêmes poses dégingandées qu’Ace Frehley, Eric Singer qui s’est teint en brun et qui dodeline en tapant comme Peter Criss, on a l’impression de vivre une attraction Disneyland. Un peu comme celle où un intermittent joue Jack Sparrow de Pirates des Caraïbes comme s’il était mieux Johnny Depp que le vrai Johnny Depp.
Au pire, je demandais l’intégrité minimum. Ok, vous jouez maquillés comme si le temps était resté bloqué le jour de la sortie d’Alive II. Alors jouez uniquement les morceaux de cette époque-là. Non, on a droit aussi à toute la soupe 80s, quelques ballades saturées de sucre des 90s et même le morceau de la honte, « I was made for loving you » qui est, avec le nouveau public, passé du morceau dont ils devaient s’excuser au hit ultime de leur carrière. Les feux d’artifice détournent l’attention des bouffeurs de pop-corn, qui du coup, ne se posent aucune question sur le choix criminel des trois derniers morceaux du set.
Tapez KISS dans Youtube et regardez des vidéos des années 70. Je vous jure que ce groupe a compté, un jour.
JOHN GARCIA
Inséré dans les deux heures du show pharaonique de KISS, John Garcia revisitait Kyuss sous la tente du fond. L’ex-groupe de Josh Homme, des slackers oscillant entre bières et substances pour noyer l’ennui du désert californien, avait lancé une formule qui donnait naissance de fait au stoner. Guitares accordées très bas, des rythmes lents et lourds et des boucles répétitives et hypnotiques. Vu l’emploi du temps de Josh, peu de chance de revoir le groupe ensemble un jour, surtout quand on voit l’activité du rouquin avec le gotha du rock et la simplicité intacte de ses ex-compagnons.
Le groupe qui accompagne John Garcia est énorme. Les cinq premières minutes sont purement instrumentales et John n’apparaît que tard. Comme pour lever les doutes de l’audience sur le choix des gars. Le son est inhumain. John passe d’un album à l’autre et provoque l’hystérie dans le public. Chaque intro sonne comme un trésor qu’on croyait à jamais perdu. Imaginez la tête d’un naturaliste s’il se cogne un dodo au coin d’un sentier. Ou un ex-kid qui tombe sur la vignette Panini de Yannick Stopyra au fond d’un carton pendant un déménagement.
00.21 … Nick Oliveri et Brant Bjork rejoignent John Garcia sur scène et lancent Gardenia. ¾ de Kyuss pour la première fois depuis 1996. J’ai tellement envie de hurler que j’oublie que le line-up qui a composé et enregistré Gardenia avait Scott Reeder à la basse. Le paradoxe qui ne parle qu’aux puristes (mais quand même) et ne pourra pas entamer la félicité du ‘I was there’.
Le feu d’artifice quelques minutes après la fin du set a permis de fêter ça, aux frais de KISS en plus.




En deux jours de festival, je peux résumer mon expérience du Hellfest à un crescendo étourdissant. Un début où les noms ronflants enchainaient des sets dépassés (ici, on appelle ça le syndrome de la Garden Nef Party) et une dernière après-midi d’un niveau incroyable, où que vous soyez. Les scènes principales ont vu un enchaînement Motörhead/ Slayer/ Kiss difficile à battre en terme d’efficacité, et la tente terrorizer a vu défiler une dizaine de géniteurs du stoner.
MEILLEUR CONCERT :
Brant Bjork – avec les chansons pour, le style et l’équilibre du set. Une grosse personnalité collective et des prises de risque dans l’improvisation.
BOUSA MAXIMA :
J’hésite entre Immortal, pour l’ensemble de leur œuvre ici et ailleurs, et Slash qui n’a pas peur de noyer son mythe dans la platitude.