mardi 24 août 2010

THINKIN’ OUT LOUD

Ce qui est bluffant chez des groupes comme les Ramones, c’est cette persévérance qui emprunte à l’entêtement. Ces groupes monomaniaques, qui répètent à l’envi le même album, ne perdent jamais le cap. Les fans participent au processus, entre soutien indéfectible et garde-fou incorruptible. Si un album venait à changer de direction, les réactions seraient aussitôt épidermiques. Sur le tard, c’est ce qui était arrivé aux parrains de la ligne droite. Les Ramones avaient sorti un « Mondo Bizarro » par exemple qui sentait le genou à terre.

Ce qui est appréciable avec Fu Manchu, c’est le côté « Never Say Die ». Ne jamais renoncer. Ne jamais dévier. Le groupe de San Clemente s’autorise un demi-tour dans la ligne droite. Eux aussi ont eu leur « Mondo Bizarro ». California Crossing, 2001. Une production à l’assaut des radios, et Scott Hill qui ne digère jamais vraiment qu’on ait joué avec son pragmatisme. Au lieu de continuer comme si de rien n’était, et malgré le chemin parcouru depuis, le groupe décide de ressortir les démos originales, remixées par leur soin. Histoire de montrer que les intentions étaient bonnes et qu’eux n’avaient jamais changé. California Crossing ne sera jamais leur meilleur album, et ils ne le considèrent même pas comme tel, mais l’intégrité ne connaît pas de prescription de ce côté-ci du skate-board.




En plus de cet acte rédempteur que j’apprécie au plus haut point, Fu Manchu fait dans la verticalité. Proposés par mail aux seuls fans dans un premier temps, puis envoyés par Scott Hill lui-même (il a signé le bon des douanes). 2 stickers sont accrochés avec un sparadrap sur le vinyl, à la manière d’un adolescent qui torche son premier fanzine. De l’auto production pure, la pochette ne comporte aucun label. Puis le retard, les problèmes de slackers qui envoient un truc sur le vieux continent, les mails échangés au parfum « it’s ok, man. I think it’s somewhat fixed by now. » Fu Manchu a 20 ans cette année et se comporte encore comme un groupe de garage de banlieue white trash. Le vinyl a plus de poids. C’est mieux d’avoir 14 ans à plusieurs.

La petite histoire aussi, avec son lot de drama. Après la sortie de « In search of », Scott Hill est seul. Glass et Romano préfèrent le versant jams psychédéliques du stoner, Hill tient au format brut et non-extensible du hardcore. Ils partent et vont former Nebula. Après le split de Kyuss en 1997, Brant Bjork rejoint Fu Manchu. Avec les arrivées simultanées de Balch et Davis, le groupe trouve son line-up classique. Le plus efficace. En 2000, Brant Bjork veut partir faire son truc solo, et lâcher les baguettes pour empoigner définitivement la guitare. Il en parle depuis longtemps au groupe et n’aurait donc jamais du enregistrer ce disque, mais sa loyauté le fait rester tant que ses potes n’ont pas trouvé le remplaçant idoine. Il enregistre comme prévu, mais l’album sera défendu sur scène par l’ex-Smile Scott Reeder, toujours dans le groupe aujourd’hui, mais ironiquement sous la menace quotidienne de son homonymie avec le bassiste de Kyuss. Brant Bjork aura un peu été le Mick Taylor de Fu Manchu. Les Stones avaient sorti leurs meilleurs albums avec Taylor, finissant sur un contestable « It’s only rock’n’roll ». Brant Bjork aura participé grandement (plus qu’un simple batteur, c’est un compositeur très sûr) aux classiques du groupe « The action is go », Eatin’ Dust » et « King of the road » avant de partir sur un « California crossing » crève cœur pour les fans hardcore.

C’est étrange un meuble de disques parfois. On a tous des disques préférés, des disques qu’on évite car ils nous rappellent des sales moments, et des disques qui marquent des périodes de notre vie. Il y a aussi des disques qui comptent de pleins de manières comme celui-ci, sans qu’on les aime pour autant. Les histoires autour d’un disque font aussi partie du package sûrement, un peu comme cette connerie largement rebattue de silence après la musique qui est encore de la musique etc.

D’emblée, ce qui est marrant, c’est que la pochette de ces démos colle parfaitement au but recherché : oui, c’est le même disque, mais l’angle de vue est différent. Great !






Je ne vais parler que de ces versions démos, sans les comparer de façon fastidieuse avec celles sorties en 2001 et qui resteront dans la discographie officielle – quoique fasse Scott Hill.

Ce qui avait le plus choqué les fans à la sortie du disque, c’était le fait que certaines chansons avaient des refrains aux mélodies vraiment travaillées (Separate Kingdom, Thinkin’ out loud). Chose impensable pour le groupe. Pas de quoi le faire basculer du mauvais côté, même si la culture skate est très présente (Downtown in dogtown, Ride to live (live to ride) ). Le disque contient quand même deux énormes classiques du groupe : Mongoose et Squash that fly. C’est d’ailleurs à partir de California Crossing que Fu Manchu calquera inconsciemment son œuvre sur celle des Ramones. Road to ruin est l’exemple qui me vient là comme ça. Deux classiques par disque, deux ou trois chansons dans la lignée de ce qu’ils ont fait précédemment, histoire de faire le lien, et le reste de remplissage. Des slackers, on disait. Certains voient un charme inimitable là où d’autres verront de l’amateurisme grossier. Les chansons qui ont le plus bénéficié de cette ressortie sont sans problème Ampn’, California Crossing et Hang on (qui n’avait sur l’original aucun intérêt) même si le résultat est très présent mais plutôt diffus. C’est vraiment l’ensemble qui laisse une meilleure impression. Le disque a droit à son retour avec les honneurs dans la discographie monolithique du Fu.

Cool. J’ai réussi à parler du disque sans employer les termes exagérés de fan consterné, « skate punk » et « hard FM ». Auto-censure et âge de la maturité.


Last but not least: la vidéo de Squash that fly

mardi 3 août 2010

Interview Error 404 // Fanzine PARANOIA

Interview à paraître dans PARANOIA # 12 http://www.myspace.com/uncommonboyfrommars

Error 404 c’est 1 personne avec de nombreux intervenants. D’où t’es venu cette idée et pourquoi ne pas avoir fait un seul groupe ?

C’est la conséquence de plusieurs événements. J’avais été dans plusieurs groupes où, avec le temps, l’ambiance était vraiment devenue délétère, jusqu’à passer devant l’essence même du groupe. Ca, c’est quelque chose que j’ai du mal à admettre au fond de moi. D’un autre côté, je suis un fan de stoner et le concept des Desert Sessions me correspondait avant même que j’en entende parler. Des gars lâchent leur groupe pour se retrouver et enregistrer ensemble, un moment collectif sorti de nulle part. Même si tu veux t’embrouiller, là t’as pas le temps, t’es obligé de faire passer la musique avant. Ah ah. Donc, pas le choix, ça donne des chansons simples, où tout le monde a carte blanche et amène son truc à l’ensemble. Du dumb-rock quoi. On a enregistré en seulement une journée, pas de répétitions, et deux des chansons ont été mises en boîte avec leur première prise. On peut difficilement faire moins. Finalement, c’est recréer une dynamique de groupe à chaque fois, et c’est proche de l’esprit punk originel. Mais l’idée de multi-collaborations un peu opaque fait son chemin dans ma tête depuis 10 ans, ce n’est pas venu sur un coup de tête ou sur un effet de mode. Je sais bien que ce qui ressort de ce projet n’est pas parfait, ou aurait pu être amélioré, mais la spontanéité et l’urgence, c’est aussi un luxe aujourd’hui. J’écris des chroniques de disque dans des fanzines et la moindre démo sur CD-R a un gros son lissé et aseptisé. On peut voir ce projet comme une poche de résistance, un truc comme ça. Ou du pur nihilisme.

Par rapport à ton nom, tu penses vraiment que l’on nous cache des choses ?

Je vais te dire, je l’espère. J’ai grandi dans un coin vraiment rural, plus ou moins le seul kid dans les parages, et les seuls trucs qui m’ont toujours fait rêver, ce sont tous ces mystères et les trucs cachés. L’allégorie du donjon de Barbe Bleue, tu vois. Il donne la clé à sa femme, mais lui dit de ne jamais ouvrir la porte. L’interdit, le secret, c’est forcément plus marrant que les infos et la vraie vie. Je crois que tous les nerds, tous les mecs qui font les fanzines conspirationnistes aussi, vivent avec cette idée. Certains fans de Star Trek apprennent à parler klingon, alors qu’il y a peu de chances qu’ils en aient besoin un jour, à part au Comic-Con peut-être. Mais attention, c’est léger hein, plein d’ironie et de dérision. C’est avant tout un truc de passionné. Nick Hornby (qui a écrit High Fidelity) a dit : « je me méfie toujours des gens qui ne sont fans de rien ». Bref, quand j’ai dû trouver une idée pour ce groupe à effectif tournant, je me suis dit que ce serait une bonne idée de baser le truc sur la conspiration, etc. Un groupe où on ne sait jamais qui est dedans, ça fait très Men in Black ou heures obscures de la CIA. C’est vraiment le nerd qui parle aux nerds, mais c’est aussi une facilité. Imagine que je commence à donner un pedigree à chaque version du groupe, comme Deep Purple. Error 404 mark II, Error 404 mark III. On ne s’en sortirait pas. En même temps, tu viens peut-être de me donner une idée là. Pour revenir à ta question, Error 404 est le nom que j’ai choisi en pensant à cette page internet vers laquelle on te dirige quand le lien est inexistant ou n’est plus valide. Je me suis dit qu’un fanzine conspirationniste aurait pu en faire un dossier bien fédérateur. Genre « on nous ment, on nous interdit juste de consulter une information cruciale ». Dans la pure lignée de ce que peut faire la Chine ou la Corée du Nord en ce moment. Bon, il faut un peu éclipser le fait que ça peut t’arriver sur une page de l’Equipe.fr hein, et c’est crédible.

Il y a un nom qui revient souvent c’est John Doe. Qui est ce personnage ?

« John Doe », c’est le nom sous lequel les anglophones enregistrent les gens « sous X ». Mais il n’y a pas de concept super relou et pompeux. Au mieux, toujours cette histoire d’egos. ‘We are all John Does’, c’était pour dire que nous n’étions personne. Nous n’avons pas de visage, pas de passé dans d’autres groupes. Ca importe peu le qui fait quoi. C’était aussi pour lutter contre la vague actuelle du rock, le côté image qui prime. J’ai partagé la scène avec des groupes qui se prenaient pour des stars après leur cinquième concert… D’un bar à l’autre, quand tu parlais de ces groupes, personne ne les connaissait. Tu vois le truc. Après bon, on est 6 milliards d’humains sur Terre, et chacun fait quelque chose bien à lui. Penser que ce qu’on fait à notre petite échelle est crucial, ça me semble être une belle connerie.

Sur le MySpace, tu as une liste d’influences impressionnantes, que t’ont elles apporté ?

Je suis un nerd. Au sens clinique du terme. J’ai des obsessions vraiment chronophages, et je n’ai jamais fait le tri. C’est du crossover culturel, un truc comme ça. Beaucoup d’influences interviennent quand j’ai une idée mais je ne fais jamais de distinction entre un film, une série, un groupe ou un bouquin. Je ne suis pas ce qu’on pourrait définir de « musicien ». C’est le produit fini qui m’a toujours fait rêver. J’aurais pu faire des BDs, des documentaires, écrire des bouquins. Ca m’aurait permis d’insérer pas mal de mes références aussi, mais la musique a toujours été ce qui m’a le plus passionné. Des trucs très minimalistes, comme les Stooges, les Misfits, les Ramones avec un côté concis et un format chanson. J’adore le faux premier degré. J’aime quand il se passe quelque chose en dehors de la scène aussi. Turbonegro, Kiss, Nine Inch Nails, Elvis : ce sont des gens qui peuvent passionner un public qui n’a jamais entendu une seule note de leur truc. C’est paradoxal hein, je devrais défendre le côté musical, mais c’est un côté « pop culture » que j’aime sincèrement. Après, qu’est ce qu’elles m’ont apporté !? Je crois que notre génération est plus dans la référence que dans la création. Donc j’ai envie de dire « tout ». Sur le EP, le « Punishment Park » de Peter Watkins ou le cascadeur Evil Knievel ont autant compté que des disques, donc c’est dur à dire. Je te dis, notre génération a tellement de références que l’originalité est devenue très utopique. A vrai dire, le but ultime de ce groupe c’est de devenir Electric Mayhem, le groupe d’Animal des Muppets… Non, mais vraiment, j’aime les trucs secs et radicaux. Je n’ai pas envie de rajouter underground, parce que le terme est dévoyé. Alors, disons que les Wipers sont un excellent compromis à ce que je voudrais exprimer. Même si le groupe est définitivement plus proche de Fu Manchu.

La suite pour Error 404 ?

Reconstituer le groupe d’un jour. Puis continuer comme ça, multiplier les sorties, dans un mode old-school. J’aimerais sortir un 45 tours chaque fois qu’on a deux chansons dans la boîte, comme le faisaient les rockers 50s et les punks plus tard. Je pense que le prochain EP sortira sur cassette audio, repiquée à la main. J’ai une vraie nostalgie des mixtapes de notre adolescence.

Vous pouvez retrouver le MySpace du groupe @ www.myspace.com/wearealljohndoes

lundi 2 août 2010

We like it geek

Weirdos never sleep !
Tant mieux. Et ce n'est pas en ces temps de Comic-Con qu'on va le regretter.

# D'abord ce film de zombie interactif.
A vous de faire les bons choix pour vous frayer un chemin jusqu'à la fille et rester plus ou moins intact. Perso, je suis mort deux fois. Ca semble être le minimum car le scénario joue habilement sur les codes du film de mort-vivants. C'est de la pub virale pour une chaîne de pizzas néo-zélandaises, mais c'est vraiment très bien fait. Pas mal de références, surtout à Romero et donc au jeu Resident Evil, mais c'est vraiment drôle. Au milieu de la mode survival très inégale, ça tient étonnamment la route.

http://www.youtube.com/watch?v=9p1yBlV7Ges&feature=player_embedded


# Un fan des Pixies a organisé un hommage all-star pour son groupe fétiche. Partons du postulat à la Sliders (la série où les gars sautent d'une dimension à l'autre en essayant de rentrer chez eux) que les classiques "Hey", "Wave of Mutilation", "Vamos" aient été écrits par Prince, les Beach Boys ou Elvis... Cet anglais, décalé mais pas maladroit, imagine le résultat dans cette dimension parallèle.

La page MySpace pour se faire une idée:
http://www.myspace.com/matthewscelebritypixiestribute

Et le site, où il y a un peu plus de chansons:
http://pottymouth.org/mcpt/