vendredi 29 octobre 2010

Home made

Avec Louise, on a créé le groupe SILLY WALKS (oui, d'après ce terrible sketch des Monty Python). Plutôt ludique, pas de projet carriériste dans le sillage du succès de She & Him et Isobel Campbell et Mark Lanegan. Le concept du jour était d'enregistrer la même chanson, mais chacun dans sa propre version.


jeudi 21 octobre 2010

Tiens, une autre étiquette musicale a changé de job …

Ces derniers temps, on peut constater un amalgame entre le stoner et ses parents, le métal 70s et le psych-rock. Les derniers qui y avaient échappé étaient les Black Angels... depuis, c'est le foin.

On a réagi à l'écoute de Tweak Bird l'autre jour à Total Heaven. Ces gars sont présentés comme un groupe de stoner. En bons amateurs du genre, on déplorait la glissade. Les groupes veulent faire du stoner clean, sans bien avoir appréhendé d'où tout ce bordel venait. Les par ailleurs très bons bordelais de Mars Red Sky se sont vus coller une étiquette stoner alors qu'aucun d'entre eux n'en a jamais écouté. Après l'examen de la platine, il s'avère que le groupe fait du psych rock avec un chant pop. La critique est formelle, bien sûr. Il ne s’agit pas de critiquer les groupes, mais leur labellisation. Si on vous vend du « beurre » et qu’arrivé à la maison, vous vous retrouvez avec du savon, vous allez l’avoir de travers. En plus d’un goût ambigu dans la bouche.




Led Zep était passé d’une étiquette hard rock à simplement rock, et le groupe est aujourd’hui considéré comme du classic rock. Un decrescendo (euphémisme) dans la virulence perçue alors que les chansons n’ont pas bougé depuis leur enregistrement. Mais l’opération s’est faite par l’érosion du temps, pas par amalgame. C’est bien là qu’est le problème.




Par facilité, dès que la chanson descend en dessous de 100 bpm et qu'il y a une note de basse, les gens appellent maintenant ça « stoner ». J'ai eu ce genre de problème à la radio. Les gens assimilent ce que tu passes à « du stoner » - au passage ils te collent une image de bas du front assez étrange - et tous les morceaux que tu vas passer après sera « du stoner » ... Black Keys, Radio Moscow, the Sword, les Datsuns, Danzig, Mudhoney... stoner et encore stoner ... !? Le terme stoner commence à être dévoyé: dès qu'on entend de la basse ou un arrangement qui sonne lourd, "stoner". Je pense aussi que c’est pour ça que la scène originelle préfère le terme « Desert rock » maintenant.


C'est vraiment autre chose que ça. La psyché sonne stoner car il y a beaucoup d'inspiration psyché dans le stoner. Notamment les jams. Je pense justement que le stoner doit rester un mouvement mineur orchestré par des slackers altruistes et modestes. Pas une multi référence mal renseignée. Si ça arrive, c'est aussi parce que les groupes stoner imposent un nouveau standard aux groupes plus ou moins metal, qui ne peuvent plus se permettre d'être moins "heavy" que ces branleurs du désert/ skaters californiens.

(oui, les répétitions du terme sont voulues. Cest une mise en abyme de ce que je dénonce. Orson Welles-ien, non ?)




Il y a bien sûr du crossover. Nebula, par exemple, injecte une bonne dose de psyché dans sa musique, et n’est pas traumatisé par des morceaux étirés par des impros et une voix gorgée de reverb. Fu Manchu de son côté est plus influencé hardcore et refile des morceaux de durée standard et un chant sec. Le stoner n’obéit pas à une recette unique, un peu comme le punk new yorkais 70s. Le problème actuel est que tout ce qui se trouve dans le spectre psyché / power metal (c'est ... large, quand même), les gens le résument depuis 2 mois à "stoner". Ca m'incommode. Notamment de la part de gens qui viennent de la pop, et que leur avis soit déversé au bistro ou dans les colonnes de la presse. C’est un phénomène que l'on observe depuis quelques temps. Ce qui est étrange, c'est que les gens appellent aussi bien "stoner" les Black Angels ou the Sword. Gasp ! Un amalgame aussi ahurissant n'avait pas été fait depuis le grunge... Stone Temple Pilots, du grunge ? Tu dois sacrément te foutre de ma gueule, là.





On va appeler ça flux et reflux, mépris d'un côté, hype de l'autre, sans aucune séparation, laissé à l'arbitraire du mal informé... à l’avis du gars pas forcément intéressé, surtout. Un mouvement né dans la crasse et jugé dans les Inrocks, en somme.

Le révélateur est en fait assez rapide, il suffit de lire ou d'écouter les influences des gars: si apparaissent QOTSA / Black Sabbath au milieu de trucs improbables, c'est du fake. Josh Homme, en partant de Kyuss, a fait trois albums stoner en y amenant la digression d’un chant déviant. Mais QOTSA est connu par le mainstream depuis qu'il a abandonné toute vélléité lourde. Les vrais groupes stoner sont restés dans l'ombre, ces mecs ont un boulot à côté et un altruisme plein d'humilité. Un sous-genre Mexicano/white trash. Les guitares aux tonalités basses, les boucles hypnotiques, le tempo lourd, la batterie étonnamment très tonique, le minimalisme ambiant, des mecs qui n’ont pas le moindre plan de carrière et une grosse base du rock 70s. Ca, c’est du stoner™.



Le pire, c'est que le stoner, ce mouvement paria, plus indé que le mouvement le plus indé vu que son côté instinctif est méprisé par les bien pensants, parti du désert californien, va finir par devenir hype...