vendredi 27 juillet 2012

TURBONEGRO: denim is back in style


Turbonegro est un groupe à part: il a connu le succès au bout de presque dix ans d’existence et a encaissé trois destructions importantes, dont une s’est passée dans la salle d’attente d’un hôpital psychiatrique à Milan. Personne ne s’en serait relevé. Peau dure et humour blitzkrieg. Gimme deathpunk, baby ! Sorti sur le label Volcom, Sexual Harassment est un retour à l’esprit Ass Cobra, l’album punk et massif de 1996, plus proche que jamais de leur plus grande influence, the Dictators. Seuls représentants de ce style qu’ils ont appelé le deathpunk, Turbonegro est toujours dans ce mélange parfait entre Alice Cooper et les Stooges. Les Stones joués par Motörhead !?

On a rencontré Happy Tom (basse) et Tony Sylvester (chant) lors du rassemblement annuel du fan-club du groupe à Hambourg, la Turbojugend. Un club Mickey pour buveurs de bières. Organisés comme des chapitres de Hells Angels et hurlant que le denim est bien plus rock que le cuir, ce sont des cohortes de vestes en jean venues du monde entier qui envahissent la petite salle de Sankt Pauli.
Interview de TRBNGR parue dans Abus Dangereux # 124 
Team work avec Guillaume Gwardeath


TRBNGR entre sur scène @ Hambourg


Vous ressemblez au méchant dans les mauvais films : vous ne mourez jamais. Turbonegro continue alors que n’importe quel autre groupe aurait classé l’affaire.
Rune Rebellion (qui checke ses mails) : le puits du Deathpunk n’est pas encore vide.
Happy Tom : Etre dans Turbonegro est la meilleure chose que nous puissions faire, sans aucune discussion. On voulait vraiment jouer à nouveau.

La Turbojugend s’est développée après le split du groupe en 1998 et a connu une deuxième jeunesse pendant le hiatus avant l’arrivée de Tony. Ca a été une motivation pour revenir à chaque fois ?
Happy Tom : Il y a trois ans, tout a explosé et nous ne pensions pas rejouer ensemble un jour. On était à la fois tristes et soulagés. On tournait en rond chacun de notre côté et j’ai rencontré Knut (NdR : Schreiner, A.K.A Euroboy, guitar hero) dans la rue : « Damn mec, j’ai envie de rejouer ». C’était la motivation première. Alors on s’est dit qu’on allait venir jouer pour le rassemblement de la Turbojugend, c’était l’été dernier. Selon le plan initial, on devait inviter plusieurs chanteurs qui feraient chacun 2 ou 3 morceaux. Et puis Tony est venu passer un week-end à Oslo. On l’avait mis sur une liste de chanteurs potentiels. Il connaissait si bien le groupe, il comprenait l’esprit. Après quelques jours, j’étais assis chez moi, sûrement en train de me tripoter dans l’obscurité et j’ai eu une révélation : « Fuck ! Tony !! ». On a fait une audition, un peu comme dans Fame, et le reste n’est que postérité. Jouer pour la première fois avec lui devant notre fan-club, c’était un test. Les fans peuvent être très conservateurs, tu sais. Ils peuvent devenir très négatifs si un changement survient. Il y a beaucoup de nostalgie aussi : la plupart des gens voudraient que tout ce qu’on fait ressemble à Ass Cobra et Apocalypse Dudes. Alors très honnêtement, on s’attendait au pire. Et le public a adoré. L’ambiance était dingue. Ce n’est plus le même groupe, il y a beaucoup d’éléments différents bien sûr, mais ça reste complètement Turbonegro. Les gens l’ont accepté de façon étonnamment souple.
Tony Sylvester : J’aimerais vraiment remercier la Turbojugend pour ça. Ca m’a apporté beaucoup de confiance pour la suite. Ca a du être un des plus gros moments de tension nerveuse dans ma vie et la réaction instantanée a été extraordinaire. Notre tactique était de ne pas trop anticiper telle ou telle réaction : monte sur scène et joue le putain de concert. C’était un sacré test car ce n’était pas des fans occasionnels, c’était un public pour lequel Turbonegro représente beaucoup.

Crédit photo @ Micha Fluck
 
« Sexual Harassment » sonne comme un retour aux années Ass Cobra (1996). Très punk.
Happy Tom : On voulait vraiment faire un disque qui nous ramène aux bases du groupe. C’est à mon sens un très bon album. On en est tous très contents.
Le chant de Tony est plus rauque que celui de Hank. Ca a changé votre façon de composer ?
Happy Tom : Non, à part qu’on ne s’accorde pas exactement pareil. Il n’y a pas que le côté brut chez Tony, il y a aussi beaucoup de mélodie. Je dirais que c’est un bon consensus entre ces deux mondes, mais on n’a pas écrit de chansons en jouant sur ces spécificités.
Tony, tu as fait deux shows avec le groupe avant de rentrer en studio. Tu aurais préféré jouer davantage les nouveaux morceaux devant un public avant de les enregistrer ?
Tony Sylvester : Non, je pense que c’était ok, mais en même temps ça a été le critère principal quand on a sélectionné les chansons pour le cut final : l’impact qu’elles pourraient avoir sur le public live. Ca a été assez marrant de jouer les nouvelles chansons avant que le disque ne sorte car ça a encouragé les réactions spontanées.
Crédit photo @ Keith Marlowe
 
Comment avez-vous atterri sur le label Volcom ?
Happy Tom : J’ai dans mes amis d’enfance quelques champions de snowboarding. Ca fait des années que ces mecs avaient des stickers Volcom sur leur surf. A l’époque, c’était peu connu. Un nouveau sponsor, petit mais engagé dans ce qu’il soutenait. Il y avait en parallèle du matériel de surf un minuscule label qui sortait des 45 tours. C’est alors que toute la partie textile est devenue gigantesque. Le label est restée minuscule, mais avait des sorties régulières. C’est devenu un des petits labels les plus solides en restant intègres. On a toujours été directement connectés aux mondes du skate, du snowboard ou du surf (NdR : et Bam Margera de Jackass avait fait le lien en choisissant All my friends are dead comme générique de son émission). Volcom US a toujours été proche de nous. Ils ont même payé pour un bus de tournée alors qu’on n’était pas signés chez eux. Ils viennent d’être rachetés par une compagnie française, les propriétaires de Puma, et tout le monde était inquiet car on pensait que les nouveaux boss se débarrasseraient de la partie label qui ne fait pas d’argent. En fait, ce doit être des mecs très rock’n’roll car ils ont confirmé leur envie de développer le label. Bref, on a enregistré ce disque et on est allés les voir. Je crois qu’ils avaient toujours espéré signer le groupe donc ça a été une affaire réglée plutôt rapidement. C’était une démarche très naturelle. On n’avait pas envie d’être un petit groupe sur un gros label. On est le plus gros groupe signé chez Volcom et ça nous semble être une bien meilleure situation.

jeudi 26 juillet 2012

Resident Evil, Romero & Z-Movies


Resident Evil 6 sort en novembre et une campagne virale a été lancée sur le web depuis le début d’année. L’occasion de se repencher sur ce jeu vidéo, mais aussi sur les interactions entre le jeu, George Romero et les films de zombies.

Premier Resident Evil en 1996. Le pitch : Raccoon City, petite ville du midwest américain où est basée la multinationale pharmaceutique Umbrella, voit ses habitants commencer à agir weirdo. Si on transpose en France, les zombies débarqueraient donc à Agen, à cause des laboratoires Upsa. Ca impressionne déjà moins.





Bon, passons sur le scénario. Le génie du jeu a été de placer la caméra derrière le personnage, en légère plongée. On a donc :

1)   toujours l’impression d’être menacé
2)   l’impossibilité de voir ce qui se passe derrière nous
car oui, Resident Evil est un jeu vraiment flippant, au pire anxiogène pour les plus résistants. On a tous en tête des scènes de ce jeu qu’on évoque comme on le ferait avec des scènes de films d’horreur. Je pense finalement que c’est à ce niveau-là que le jeu a gagné ses lettres de noblesse pixellisées. C’est de la pure série Z. Le jeu reprend les zombies de George Romero. Il y a des hommages marqués à Massacre à la Tronçonneuse, New York 1997 ou Alien. Il reprend des idées du genre post-apocalyptique et on pense même parfois à Lovecraft (mythe de Cthulhu). Les mecs qui ont fait ce jeu ont passé plus de temps auprès de Wes Craven qu’à se palucher sur Mario.

  Chaque épisode du jeu s’est vendu à plus de 5 millions d’exemplaires et je pense vraiment qu’il y a un jeu de vases communicants : on a pu observer un retour à Romero après la sortie de Resident Evil, et on a subi la prolifération des films de zombie depuis ... pour le pire et le meilleur, euphémisme. Un des pires est ironiquement la première adaptation du jeu avec Milla Jovovich et Michelle Rodriguez. La plupart raconte la même chose (un pur survival nihiliste). Ruez vous donc sur les références du genre que vous devez débusquer dans un bac à solde : la Nuit des Morts Vivants (1969), le premier du genre, et Zombie (dawn of the dead en VO – 1978) où Romero utilise le zombie comme allégorie socio-politique. Histoire de renvoyer l’ascenseur pour le retour en grâce, George Romero a réalisé la pub pour la sortie de Resident Evil 2 en 1998. Plus de films, plus de jeux etc etc pour en arriver à Walking Dead (la BD) qui complète la trilogie de l’excellence en putréfaction.

A noter ce truc hyper cool : le jeu s’appelle Biohazard au Japon et Capcom a du changer le nom à l’international à cause du groupe US de métal/hardcore.



jeudi 5 juillet 2012

Turbonegro // Sexual Harassment


Le syndrôme Sammy Hagar veut qu’un groupe dépérisse s’il change son chanteur. Van Halen avait frôlé le baillement perpétuel avec ce gars, il mérite de donner son nom au phénomène. Seule exception de l’histoire : AC/DC où Brian Johnson a simplement lancé une autre époque à réussite équivalente. Alors quand Hank Von Helvete est parti, le public a enclenché les rites funéraires pour Turbonegro. Et - twist à la M Night Shyamalan - les norvégiens ont annoncé qu’ils continuaient avec l’anglais Tony Sylvester, le Duke of Nothing, président de la Turbojugend London.



Retour à l’esprit Ass Cobra (punk et massif, deux ans avant le climax Apocalypse Dudes), plus proches que jamais de la plus grande turbo-influence, the Dictators. Les Stones joués par Motörhead, dans les sneakers des Ramones.
Le débat 2.0 a rugi. Pas mal de gars n’ont pas écouté le disque, n’ont pas vu le nouveau line-up en concert mais ils sont sûrs d’une chose : c’est nase. Le Duke a passé l’examen devant la Turbojugend à Hambourg, est sorti indemne du grill de la maison mère à Oslo. Il a mérité son badge d’authenticité.


La Turbojugend est restée droite dans ses Converse. "We don't give a shit better than anyone else". On a le fan club que l'on mérite.


Seul bémol pour atténuer le propos, le groupe aurait peut-être du attendre la fin des festivals pour entrer en studio, histoire que Tony soit bien intégré et parfaitement à l’aise dans son nouveau rôle. Il y a des morceaux qui resteront dans les setlists comme les terribles Mister sister, You give me worms, ou Shake your shit machine, à un degré moindre TNA (the nihilistic army), I got a knife et Rise below. Mais il y aussi des chansons ratées où on sent que l'intention est un peu forcée (Hello darkness, Buried alive).
D'autres choses ont eu l’air précipitées, comme le clip de You Give Me Worms qui a cédé aux avances skate de Volcom (le nouveau label, qui s'occupe aussi de Valient Thorr) au détriment du deathpunk froid mais drôle auquel le groupe nous avait habitué.